Le tour des fibres textiles : les fibres végétales


Le tour des fibres textiles : les fibres végétales

Les fibres végétales textiles

Coton bio, lin ou chanvre, nous connaissons tous au moins l’une des fibres ou matières permettant la fabrication de notre vêtement préféré, vous savez, celui que nous mettons à chaque occasion, qu’il pleuve ou qu’il vente (bien que ce soit un tee-shirt…), qui ne bouge pas malgré le poids des années et qui trône fièrement dans votre dressing !

Malheureusement, souvent, nous n’en savons que peu sur les méthodes de production, leurs qualités intrinsèques et leurs spécificités propres ou l’impact de ces matières textiles. Chez Maison Izard, nous pensons que l’industrie textile a un rôle pédagogique à jouer dans la promotion d’une consommation raisonnée. Et cette consommation raisonnée ne peut passer sans la compréhension de chaque ressource utilisée et les enjeux liés à chacune d’entre elles.

Pour cela, nous vous proposons de partir en voyage et de découvrir un tour des fibres textiles, à travers 3 articles, liés chacun à un type de fibre ou matière (végétales, animales, recyclées et nouveaux matériaux). Du fait de leur impact, leur implication dans le développement de la fast-fashion, nous n’aborderons volontairement que peu les fibres synthétiques, fibres demandant à être réduites. En effet, ces fibres d’origine chimiques, bien qu’étant très utiles par leur capacité à ne pas se froisser, ne pas rétrécir ou être facile d’entretien, ont fortement contribué à placer l’industrie textile comme l’une des industries les plus polluantes du monde. Malheureusement et de manière pragmatique, il est encore très compliqué de pouvoir se passer de ces matières chimiques dans le secteur textile. Parmi les fibres textiles (végétales, naturelles, recyclées et chimiques donc), ces matières chimiques, très utilisées dans la fabrication de vêtements techniques par exemple, représentent 68% du total des fibres textiles utilisées (contre 24% pour le coton, 8% pour les autres matières végétales, 6,4% pour les fibres artificielles cellulosiques, animales pour 1,5% et moins d'1% pour les matières recyclées).

Production mondiale de fibres textiles

Commençons déjà par définir les fibres textiles. L’Homme ayant toujours eu besoin de se couvrir, notamment à l’époque des grands froids, les fibres textiles représentent les matières premières grâce auxquelles sont fabriquées les vêtements, et qui répondent donc à ce besoin naturel.

Pour cette première étape de notre tour, nous nous intéresserons aux fibres textiles végétales à travers le coton, le coton bio, le lin, le chanvre, le jute, la ramie et les fibres artificielles chimiques.

Le coton : la fibre végétale par excellence

La culture du coton

Débutons avec la plus célèbre et la plus utilisée des fibres végétales textiles : le coton.

Utilisée depuis des millénaires, cette fibre textile végétale a été pendant de nombreux siècles, la fibre la plus utilisée dans l’industrie textile. Porté par sa praticité, sa polyvalence, sa durabilité, sa douceur et sa respirabilité, le coton a vu son utilisation s’envoler jusqu’au début des années 2000, années où les matières synthétiques sont arrivées sur le marché et ont peu à peu entraîné une baisse significative de son utilisation. Aujourd’hui, le coton est majoritairement produit dans 4 pays : la Chine, les États-Unis, l’Inde et le Brésil. Malgré une baisse importante de leur volume de production, les États-Unis restent le principal exportateur de coton avec 37,8% des exportations mondiales de coton. En revanche, la production de coton européen est minoritaire avec seulement 2% du volume de production mondiale, et est, en grande partie, destinée à l’export. D’excellente qualité, il est majoritairement cultivé en Grèce et en Espagne et se démarque par la longueur de ses fibres et sa résistance. En France, il n’existe, pour le moment, qu’une seule culture de coton, principalement à cause de notre climat qui n’est pas forcément adapté à son développement. En effet, le coton demande une température de sol supérieure à 15°C, une température de l’air comprise entre 21 et 37°C et pas d’averses pendant la période de maturation (en été) et de récolte (entre septembre et octobre). De ce fait, il est compliqué d’envisager un développement de sa culture à grande échelle, sur le territoire.

Intéressons-nous maintenant aux différents types de tissu en coton. Le coton étant une fibre particulièrement facile à travailler, il existe plus d’une quinzaine de tissus en coton différents parmi lesquels :

  • L’inévitable denim : c’est sûrement le tissu que nous connaissons tous car il s’agit du tissu du jeans ! Tissu à la maille serrée comportant une chaîne colorée et une trame écrue, il est épais, solide et durable, et est souvent mélangé à des matières plus souples pour gagner en élasticité.
  • Le sergé coton : épais et résistant, le sergé de coton est très utilisé pour les vestes, pantalons de travail ou manteaux. La doublure de nos manteaux en laine Ubac et Avalanche sont d’ailleurs en sergé coton pour plus de confort et de durabilité.
  • Le coton brossé : doux, chaud et respirant, le coton brossé est un tissu reconnaissable au toucher. D’aspect duveteux, il est idéal pour les chemises d’hiver.
  • L’indémodable velours côtelé : tissu aux stries horizontales emblématiques, c’est l’un des tissus indispensables de l’hiver grâce à sa chaleur, sa solidité et son aspect très texturé. Il est particulièrement utilisé pour la confection de chemises et de pantalons.
  • Le jersey de coton : idéal pour la fabrication de tee-shirts, le jersey de coton est un tissu tricoté confortable, doux et facile d’entretien. C’est d’ailleurs à partir de cette matière que sont fabriqués nos tee-shirts en coton bio !
  • La popeline de coton : souvent utilisé dans la confection de chemise pour son aspect légèrement satiné et sa capacité à résister aux frottements, ce tissu fin, très agréable à porter et respirant, est obtenu grâce à un tissage très serré permettant de conférer au tissu son aspect caractéristique.
  • La gabardine de coton : étoffe solide au tissage serré résistant bien aux froissements, c’est un tissu résistant et facile d’entretien, idéal pour la confection de manteaux.
Les différents types de tissus en coton

Cependant, l’impact environnemental et social de la culture du coton n’est pas anodin, loin s’en faut. Premièrement, le coton étant une plante hydrophile, sa culture demande une très grande quantité d’eau. À titre d’exemple, la production d’un kilo de coton nécessite l’utilisation de 10 000 litres d’eau, ce qui représente 2700 litres d’eau pour la confection d’un seul tee-shirt ! A cette problématique d’utilisation d’une ressource limitée s’ajoute celle que les plus grands pays producteurs (Chine, Etats-Unis, Inde et Pakistan) ont connu ces dernières années, d’importantes sécheresses et pénuries d’eau, phénomène qui s’accentuera malheureusement dans les années à venir. Deuxième point bloquant, l’utilisation d’engrais, pesticides et insecticides. Le coton est la culture la plus utilisatrice de pesticides dans le monde et utilise 4% des fertilisants à l’azote et au phosphore dans le monde. Ces produits chimiques entraînent une dégradation de la qualité des sols et de l’eau, ont un impact néfaste sur la biodiversité, et sur la santé des agriculteurs.

À ces deux éléments s’ajoutent l’éthique de la production. En effet, bien que la production de coton permette de faire travailler plus de 250 millions de personnes (près de 7% de la population active dans les pays en développement), sa culture est aussi sujette à d’importants sujets économiques et sociaux. Conditions de travail inhumaines, prix de vente faible ne permettant pas une rémunération juste, esclavagisme ou travail des enfants, la réalité derrière la culture du coton est souvent sombre.

Pour autant tout n’est pas si noir et ne signifie pas qu’il faut bannir le coton de son dressing. En effet, il existe un coton plus éthique, écologique et responsable : le coton bio.

La culture du coton en bref

Coton ou coton bio, quelles différences ?

Bien que le coton soit la fibre végétale textile la plus utilisée dans le monde textile, le coton bio ne bénéficie pas (encore) de cet engouement. En effet, selon un rapport de Textile Exchange, on estimait en 2021 la production de fibres de coton biologique à 1,4% de la culture de coton globale. Parmi les plus grands pays producteurs de coton biologique, on peut mentionner l’Inde (38%), la Turquie (24%), la Chine (10%), le Kirghizistan (9%), la Tanzanie (6%), le Kazakhstan (4%), le Tadjikistan (4%) et les États-Unis (2%). Concernant l’Europe, ici encore, la Grèce est le pays européen cultivant le plus de coton biologique avec 0,5% de la production mondiale.

Alors, en quoi le coton biologique est-il différent du coton traditionnel ?

Premièrement, le coton bio permet de faire baisser drastiquement le pourcentage d’utilisation d’eau. La raison principale ? Sa culture. Elle ne nécessite pas l’utilisation de produits chimiques (pesticides, insecticides ou engrais chimiques). Le coton biologique est cultivé grâce à de l’engrais et de l’insecticide naturel, et n’épuise pas les sols, qui retiennent mieux l’eau et l’humidité. Ces pratiques permettent aussi bien d’optimiser l’utilisation de l’eau, que de diminuer les émissions de gaz à effets de serre, et de supprimer l’impact des produits chimiques sur l’environnement, la biodiversité et les hommes.

Deuxième point, la culture du coton bio, en plus d’être plus durable pour les sols, est également plus respectueuse des Hommes en permettant d’assurer, grâce à des labels notamment, comme le label GOTS, de meilleures conditions de travail et de protection pour les producteurs de coton, (juste rémunération, respect des normes d’hygiène et de sécurité, pas de travail forcé ou de travail des enfants…).

Chez Maison Izard, nous avons à cœur de valoriser les matières naturelles ayant le moins d’impact possible sur l’environnement et les hommes. C’est pour cela que nous avons choisi, pour nos tee-shirts en coton, un fil de coton biologique venant des États-Unis (pays où les cultivateurs de coton perçoivent une rémunération plus juste).

La culture du coton bio

Le lin : la fibre végétale made in France !

Culture du lin

Saviez-vous que le lin est majoritairement produit en France ? Avec plus de 70% de la production mondiale de lin, la France peut même se targuer d’être le plus grand acteur mondial de cette fibre végétale écologique. Même si le lin ne représente que 0,5% des fibres textiles produites dans le monde (Source : Alliance For European Flax-Linen & Hemp), le marché du lin est en pleine expansion sur les dix dernières années avec par exemple un nombre de surfaces agricoles en hausse de 133% entre 2010 et 2020. En revanche, cette production locale est majoritairement exportée en Asie, notamment en Chine, pour être filée. Ces dernières années, nous assistons à l’émergence d’une chaîne de production complète en Europe, de l’agriculture au tissage, en passant par le teillage, le peignage et la filature. Porté par ces nouveaux acteurs, le savoir-faire d’entreprises historiques au fort ancrage local, et des certifications telles que European Flax™ et Masters of Linen™, la filière lin européenne se développe de plus en plus en se positionnant notamment sur le marché « premium ».

Mais qu’est-ce que le lin ?

Fibre végétale millénaire, aux fleurs bleues caractéristiques, le lin est, avant sa transformation, une plante herbacée qui a besoin d’un climat tempéré et humide pour se développer. C’est en partie pour cela que la Normandie est la région idéale pour son développement ! Réputé pour sa robustesse, sa qualité et sa multitude d’utilisations, le lin permet d’obtenir des vêtements confortablesthermorégulateurs et faciles d’entretien, le tout en étant une fibre naturelle ayant un faible impact sur l’environnement, ce qui en fait une fibre aux multiples vertus ! De plus, elle se mélange très bien dans d’autres fibres pour obtenir des tissus mixtes (on pense forcément au tissu métis, qui est un mélange de coton et de lin).

Sa culture, peu gourmande en eau et ne nécessitant quasiment pas de produits chimiques (pesticides, insecticides, à l’opposé de la culture classique du coton) en font l’une des cultures les plus écologiques du monde. Pour entrer dans le détail, la culture du lin s’étend sur 7 mois, de mars à septembre. Les plants sont semés en mars ou avril et atteignent leur maturité au bout de 100 jours, avec entre 80 et 100 feuilles par pied ! C’est en juin qu’a lieu la floraison, et que les fleurs bleues, d’une durée de vie de quelques heures, apparaissent et donnent aux champs une beauté unique. En juillet débute l’arrachage qui consiste, comme son nom l’indique, en l’arrachage des tiges à mi-hauteur pour les étaler sur le sol en petites gerbes appelés andains.

Vient ensuite la première phase de transformation, qui s’étend entre fin juillet et septembre, de la plante en fibre : le rouissage. Grâce aux précipitations et au soleil, les micro-organismes présents dans le sol viennent éliminer la pectose qui permet de souder les fibres textiles, fibres qui sont ensuite rassemblées sous forme de balles.

L’étape suivante se nomme le teillage. Processus mécanique permettant de valoriser l’entièreté de la plante, le teillage permet l’extraction des fibres du lin en les débarrassant du bois présent dans la tige.

Ensuite, après avoir été peignées et mises sous la forme de rubans, les mèches obtenues sont transformées en fil en appliquant une torsion. Deux techniques de filature sont utilisées, amenant à une utilisation différente :

  • La filature « au mouillé » : les rubans sont immergés dans une eau chauffée à 60°C afin de réaliser des fils fins destinés à l’habillement ou au linge de maison.
  • La filature « au sec » :  les rubans sont filés sans avoir été passés à l’eau afin de réaliser des fils plus épais et rustiques réservés à des tissus décoratifs ou des usages techniques.

Avant d’être tissé, le fil peut être blanchi, teint, assoupli, défroissé selon la particularité du tissu à réaliser.

Abordons maintenant le tissage qui permet de transformer les fils de lin en tissus grâce à l’entrecroisement de fils de chaîne et de fils de trame. Cette opération peut se faire de manière bidirectionnelle (les fils subissent deux alignements horizontaux et verticaux), unidirectionnel (les fils sont alignés dans le même sens), aléatoire (technique utilisée pour les fibres courtes) ou un mélange des trois techniques précédemment citées. Chacun de ces tissages permet d’obtenir un tissu différent, pouvant être utilisé aussi bien dans l’habillement que dans le linge de maison ou l’ameublement. Les tissus ainsi obtenus sont ensuite tricotés, soit sur des machines circulaires, soit sur des machines rectilignes, et pour ces dernières, confectionnés, puis coupés-cousus.

La culture du lin dans le secteur textile

Le chanvre : l’autre fibre végétale made in France

Souvent associé au lin, le chanvre est l’une des plus anciennes plantes domestiques au monde.

Né en Asie, il se distingue par ses grandes tiges et ses feuilles découpées en folioles allongées et dentées, et par sa croissance très rapide : les plants atteignent leur maturité en moyenne en trois mois et sont récoltés en début septembre. La culture du chanvre est écologique. Elle ne nécessite pas d’irrigation, ni d’engrais ou pesticides, a une empreinte carbone très faible, et est 0 déchet. De la graine à la tige, toute la plante est utilisée. Sa culture permet également de stocker le CO2 dans le sol, l’aidant ainsi à se régénérer. Le processus qui permet d’obtenir des fibres plus douces et élastiques requiert l’utilisation de produits chimiques dont le carbonate de sodium et l’acide acétique. Ces produits corrosifs ne sont pas nocifs pour les ouvriers qui les manipulent et ne polluent pas.

Malgré toutes ses qualités, c’est une fibre peu utilisée dans l’industrie textile. Elle représente environ 0,2% du total des fibres textiles utilisées dans le monde et sa production était estimée à plus de 280 000 tonnes en 2021. En parlant de production, la France en est le premier producteur mondial avec près de 47% (Source : Textile Exchange) de la production totale, suivie de la Chine avec 24%. Si on comptabilise tous les pays européens, le chanvre est produit à 60% en Europe.

Permettant la confection de vêtements durables, confortables et bons pour la peau, le chanvre est la fibre durable par excellence, c’est en partie pour cela que de plus en plus de jeans en chanvre mélangé voient le jour !

Mais alors, comment le chanvre devient-il un tissu ?

Dans le chanvre textile, il existe plusieurs types de fibre, soumis chacune à un processus spécifique :

  • Les fibres longues sont valorisées de la même manière que le lin (rouissage au champ, teillage, filature et tissage). Pour être filées, elles vont être travaillées, comme pour le lin, selon la technique « au mouillé » qui consiste à tremper les fibres dans de l’eau à 60°C pour l’assouplir et la ramollir, avant de lui appliquer une torsion pour obtenir un fil fin et homogène. Le fil ainsi obtenu sera utilisé dans le domaine de l’habillement et du linge de maison.
  • Les fibres semi-longues sont traitées sur le modèle de la laine. Elles permettent d’obtenir un fil plus rustique et épais utilisé notamment pour les toiles de jeans.
  • Les fibres courtes sont « cotononisées », c’est-à-dire de les utiliser comme le coton en travaillant les fibres pour les rendre suffisamment fines et de même longueur. Ensuite, les fibres seront formées sous la forme de rubans qui seront tordus et raccordés ensemble pour donner le fil définitif.
  • Les fibres cellulosiques issues de la pulpe de la tige sont créées de manière chimique, à l’instar du lyocell, en dissolvant cette dernière dans des liquides non toxiques, puis filées selon un procédé spécifique. Cette technique permet de proposer des fibres à la fois fines, résistantes, légères et polyvalentes.

D’un point de vue plus local, la filière du chanvre en Nouvelle-Aquitaine commence à revenir sur le devant de la scène. Revenir, car la culture de chanvre dans le Sud-Ouest était relativement développée jusqu’au début du 20ème siècle avant de tomber en désuétude.

Les enjeux actuels de notre territoire étant liés à l’utilisation de la ressource en eau (tourné bizarrement), l’éco-construction, la diminution de l’empreinte carbone et des déchets, et le développement des circuits-courts, l’utilisation de cette fibre écologique serait aussi bien utilisée pour le secteur alimentaire, le bâtiment, que pour le secteur textile.

Les enjeux actuels de notre territoire étant liés à l’utilisation de la ressource en eau (tourné bizarrement), l’éco-construction, la diminution de l’empreinte carbone et des déchets, et le développement des circuits-courts, l’utilisation de cette fibre écologique serait aussi bien utilisée pour le secteur alimentaire, le bâtiment, que pour le secteur textile.

La culture du chanvre dans le secteur textile

Les autres fibres textiles végétales

Ramie, jute, viscose ou lyocell, il existe encore bien des matières d’origine végétale que nous n’avons pas abordées ! Voici donc quelques informations sur ces fibres textiles d’origine végétale relativement méconnues.

La ramie

La ramie est une plante originaire de Chine appartenant à la même famille que l’ortie. Se développant dans des régions tropicales, subtropicales et tempérées, elle est majoritairement produite en Asie, mais aussi au Mexique, au Brésil ou en Égypte. Plante ancestrale, elle connaît un regain d’utilisation dans l’industrie textile même si son utilisation reste bien inférieure au lin ou au chanvre. Sa culture ne nécessite que peu d’irrigation et n’implique pas l’utilisation de pesticides ou d’engrais chimiques. De plus, c’est une plante pouvant être utilisée pour l’alimentation humaine et animale, ce qui multiplie ses possibilités d’utilisation. Les déchets résultant du filage et du tissage peuvent même être utilisés, en les mélangeant avec de la laine ou du coton, pour la confection de nouvelles étoffes.

Utilisée depuis le Moyen- ge pour la confection de cordages, fils et vêtements, cette plante aux fibres lisses et brillantes est très résistante, absorbe facilement l’humidité et est facile à teindre. Elle possède également des propriétés bactéricides et s’améliore au contact, ce qui est en fait une fibre très facile d’entretien. Les vêtements fabriqués à partir de ramie sont doux, frais et légers, mais avec une bonne isolation thermique.

Le jute

Le jute est une plante aux reflets dorés qui pousse dans des climats plutôt chauds et humides, et qui ne nécessite que peu d’engrais, d’insecticides et de pesticides. Sa culture permet également une amélioration de la qualité de l’eau grâce à ses capacités d’absorption du dioxyde de carbone et améliore la qualité du sol puisqu’une fois la récolte effectuée, les déchets de la plante viennent se mélanger à la terre pour créer de l’engrais, bénéfique aux prochaines cultures. 2ème fibre végétale la plus produite au monde avec 3 millions de tonnes de jute par an, le jute est majoritairement produit en Asie du Sud comme en Inde et au Bangladesh.

Soyeuses et robustes, ses fibres sont transformées en rouleaux de toiles de plusieurs mètres et de différents grammages, d’où la toile de jute !

Ses rouleaux sont ensuite utilisés pour la confection de tapis, rideaux, sacs et cordages mais également de vêtements et accessoires.

Viscose, modal et lyocell : des fibres végétales naturelles ?

Abordons maintenant le cas particulier des matières chimiques artificielles fabriquées à partir d’une fibre végétale comme le lyocell, le modal ou la viscose. Elles représentent aujourd’hui 6% des matières utilisées dans le secteur textile avec plus de 6,5 millions de tonnes de fibres produites dans le monde. Nouvelles matières ayant le vent en poupe, elles sont issues du mélange entre de la pulpe de bois (eucalyptus, feuillus, bambou…) et de produits chimiques. Considérées comme des fibres textiles écologiques, chacune d’entre elles a des caractéristiques et des problématiques propres. Bien qu’elles soient biodégradables et prometteuses, leur fabrication a des effets sur l’environnement. Utilisation de produits chimiques mettant en danger les personnes vivant ou travaillant à proximité des usines de production, nécessitant beaucoup d’énergie pour leur transformation, et demandant de la pulpe de bois en quantité, ces matières ne sont pas sans danger pour l’environnement, les hommes et la biodiversité. Cependant, des labels existent, comme Ecolabel, pour attester de la présence d’au moins 25% de fibres de bois issues de forêts gérées durablement. Selon Textile Exchange, on estime qu’entre 55 et 60% des matières chimiques artificielles sont issues de forêts gérées durablement, labellisées FSC ou PEFC.

Débutons par la viscose, fibre artificielle chimique dont la dimension écologique est la plus controversée.

La viscose est une matière artificielle chimique très utilisée dans le secteur textile, fabriquée à partir de cellulose de bois. Chaque année, plus de 5 millions de tonnes de viscose sont produites, en grande partie en Asie. À l’origine destinée à devenir une alternative crédible à la soie, elle est la plus ancienne fibre produite par l’Homme. Son procédé de fabrication est assez simple : il s’agit de mélanger de la pâte à bois dissoute dans une solution chimique à base de soude. La matière obtenue est pressée pour devenir une solution visqueuse, qui sera extrudée à travers une filière pour être finalement transformée en fils. Le tissu obtenu est fluide, lisse et brillant. Son toucher est froid, il ne présente qu’une faible résistance à l’humidité et à l’eau. Fin, doux et robuste, on utilise ce tissu pour la confection de robes, chemises, t-shirts, pantalons fluides et sous-vêtements. En revanche, il n’est que peu adapté aux vêtements techniques et aux vêtements d’hiver puisque la matière ne retient pas la chaleur et n’absorbe pas l’humidité.

Alors pourquoi cette fibre est-elle controversée ?

Pour commencer, bien que la viscose soit issue de fibres naturelles végétales de coton, de bambou ou d’eucalyptus, sa transformation en matière textile passe par des procédés chimiques extrêmement énergivores et dangereux. En effet, le processus de transformation nécessite l’utilisation de produits chimiques sous forme de liquide ou de vapeurs toxiques pour la transformation des fibres naturelles en viscose, produits qui polluent considérablement les régions de production. Cette transformation est également néfaste pour la santé des personnes vivant dans et autour des usines de production.

De plus, la culture n’est pas aussi sans effet car elle demande l’utilisation de pesticides et insecticides tout en nécessitant une quantité importante d’eau et de cellulose de bois, participant ainsi à la déforestation et à la destruction des habitats naturels d’espèces vivantes au profit de monocultures intensives de forêts destinées à son exploitation.

Dernier point, à l’instar d’autres fibres, sa production est peu développée en Europe, et est majoritairement effectuée dans des pays où la réglementation en matière de droit du travail est moins développée qu’en Europe.

Cependant, il existe des fibres textiles artificielles considérées comme plus écologiques que la viscose : le modal et le lyocell (ou Tencel®).

Comme pour la viscose, ces deux matières artificielles sont issues de la transformation de pulpe de bois en fibre textile par des procédés chimiques. Pour le modal, la pulpe de bois (souvent le hêtre) est mélangée avec du sulfate de sodium pour la création de la fibre. Concernant le lyocell, la pulpe d’eucalyptus, de bambou ou de feuillus est traitée à l’aide d’un solvant naturel non toxique. Biodégradables, ces deux matières ont également la particularité d’être fabriquées en « circuit fermé », c’est-à-dire que presque la totalité des produits chimiques employés sont recyclés et réutilisés. De plus, les matières premières sont issues d’arbres sans l’utilisation de pesticides ou insecticides et ne nécessitent qu’une faible quantité d’eau pour leur développement. Concernant le produit fini, le tissu obtenu est solide, doux, résistant, absorbant et a un effet blanchi. Pouvant être associé à d’autres matières comme le coton ou le lin, il peut être utilisé pour la confection de vêtements, de sous-vêtements, de pyjamas ou encore de linge de maison. En revanche, comme pour la viscose, ces deux fibres sont plutôt destinées à des vêtements d’été ou de mi-saison car elles ne retiennent pas la chaleur et n’absorbent pas l’humidité.

Cependant, bien qu’elles semblent être des alternatives éco-responsables à l’utilisation de fibres plus traditionnelles, les qualités de ces fibres sont à nuancer.

La production étant encore minoritaire (500 000 tonnes de fibres produites par année pour ces deux fibres) et réalisée majoritairement en Chine et en Indonésie, nous pouvons nous poser la question du développement de la production à grande échelle sur les forêts, la biodiversité et les autres cultures destinées à l’alimentation humaine. De plus, le processus de transformation étant coûteux, le prix de vente peut se ressentir sur le consommateur final.

Viscose, modal et lyocell : fibres textiles du futur ?

Il existe encore de nombreuses fibres végétales, néanmoins, leur utilisation dans le secteur textile est compliquée ou encore minoritaire, peut-être assisterons-nous, dans les années à venir, à l’essor de nouvelles fibres textiles végétales !

La première étape de notre tour des fibres textiles est maintenant terminée, nous espérons qu’elle vous aura été riche en enseignements et qu’elle vous encouragera à venir à la rencontre des cultivateurs de ces fibres, sans lesquelles, nous ne pourrions pas arborer nos vêtements préférés.