Les étapes de fabrication de votre vêtement en laine préféré


Les étapes de fabrication de votre vêtement en laine préféré

Les étapes de confection d'un pull en laine

Après vous avoir présenté la laine des Pyrénées, celle sans qui votre pull préféré n’aurait pas vu le jour, il est temps de nous plonger dans le long chemin de la laine. Car oui, avant d’obtenir le fil si doux que nous connaissons tous, la laine doit passer par de nombreuses étapes. Plus qu’une balade, c’est un véritable voyage que cette ressource naturelle effectue avant de pouvoir rejoindre nos dressings ! Prêts à embarquer ? Alors, c’est parti !  

Étape 1 : Alimentation, marquage et propreté, la santé avant tout !

Comme nous l’avions vu dans notre précédent article (si jamais vous ne l’avez pas lu, vous pouvez le retrouver ici), les qualités de la laine dépendent beaucoup de facteurs propres à l’animal comme sa race, son âge ou, bien évidemment, sa santé. Il existe néanmoins d’autres facteurs, dépendant des conditions d’élevage cette fois-ci, qui vont permettre d’améliorer les qualités de la laine comme l’alimentation, le type de pâturage, la propreté ou la manière de marquer l’animal.

Commençons par l’alimentation, comme tous les êtres vivants, elle joue un rôle essentiel dans notre bien-être et le maintien de notre santé, tout en favorisant le développement et le renforcement de notre corps.

Chez les moutons, c’est le même principe. L’alimentation doit être de qualité et en quantité raisonnable, avec des variations selon l’âge et le sexe de l’ovin. Elle doit ainsi être accessible et veiller à couvrir complètement les besoins nutritionnels des moutons (énergie, matières azotées comme l’herbe, vitamines et minéraux) selon les saisons. Comme pour tous les organismes vivants, l’eau est également indispensable pour la bonne santé des ovins. Le mouton buvant entre 5 et 6 litres d’eau par jour, il doit avoir accès à de l’eau propre en permanence.

En parlant d’alimentation, il y a un enjeu majeur pour couvrir les besoins nutritionnels des ovins de manière économique, efficace, écologique et pérenne : le pâturage.

Le pâturage représente un terrain couvert d’herbe, réservé à l’alimentation des bêtes, dans lequel les éleveurs amènent leurs animaux. Les lieux de pâturage sont relativement nombreux et comportent aussi bien des prairies que des terrains plus embroussaillés, des bois ou des vignes et vergers. Il existe de nombreuses méthodes de pâturage comme le pâturage continu (les animaux pâturent dans la même zone) ou le pâturage tournant (plusieurs lieux de pâturage sont exploités chacun leur tour afin de laisser reposer la parcelle le temps d’une reprise de végétation de l’herbe), chaque méthode ayant pour objectif final de fournir aux troupeaux de l’herbe de qualité, et en quantité suffisante.

Derniers points importants exerçant une influence sur les qualités de la laine : la propreté des animaux et des bergeries, et le marquage des bêtes.

Afin d’éviter le développement de toutes sortes de maladies et ainsi prévenir au maximum la santé des moutons, il convient de leur offrir un abri sec, propre, avec un paillage confortable. Les locaux doivent également être bien ventilés et limiter les courants d‘air. Le taux d‘humidité ne doit pas être trop élevé afin de limiter les problèmes respiratoires. Il est important de vérifier tous ces paramètres le plus souvent possible afin de toujours veiller à une propreté optimale des bergeries.

Le dernier point impactant les qualités de la laine est le marquage, maillon essentiel de la traçabilité dont le principe est d’apposer un élément permettant d’identifier ou de repérer l’animal. Bien qu’il puisse être réalisé de manière plus éthique et écologique, avec par exemple des colliers pour le marquage, il est encore souvent réalisé avec de la peinture ou des sprays de marquage. Impactant négativement la qualité de la laine en la rendant presque inutilisable selon le type de produits utilisé, ces dernières options sont les options les plus économiques et les plus répandues chez les éleveurs. En effet, concernant la laine des Pyrénées, ces méthodes sont largement répandues pour trois raisons principales : les habitudes de marquage (les éleveurs utilisent encore les méthodes qu’utilisaient leurs parents ou grands-parents), le fait que le marquage est surtout utilisé pour repérer de loin les bêtes dans les vastes massifs pyrénéens, et le désintérêt pour la laine, qui est souvent considérée comme une contrainte économique et non comme une potentielle ressource, en raison notamment du coût de la tonte et de l’entretien de la laine comparativement au prix de vente.

Maintenant que nous avons abordé plus en détail les facteurs impactant les qualités de la laine liés aux conditions d’élevage, nous allons pouvoir vous présenter notre chemin de la laine, celui par lequel cette ressource naturelle va devenir votre nouveau pull préféré.

Étape 2 : la tonte des moutons, entre santé et bien-être

Saviez-vous que le mouton produit environ 5 kilos de laine par an ? Cela ne vous étonnera donc pas que, comme les êtres humains par fortes chaleurs, l’animal souhaite se débarrasser de cette couche supplémentaire.

D’une importance capitale pour la santé des moutons, la tonte permet aussi bien d’éviter aux moutons de souffrir de la chaleur l’été, que d’enlever les parasites présents dans la toison et de faciliter l’observation d’éventuels problèmes de santé. Souvent réalisée au printemps par un professionnel, avant l’arrivée des premières grosses chaleurs (que le mouton supporte souvent mal), c’est un processus entièrement indolore pour l’animal grâce notamment au savoir-faire historique des tondeurs. Profession essentielle à la valorisation de la laine (il existe plus de 200 tondeurs professionnels en France pour près de 7 millions d’ovins), ces professionnels, fortement ancrés dans leur territoire, permettent d’obtenir une laine de qualité tout en permettant de soulager les animaux de cette masse enveloppante de la manière la plus rapide et la moins inconfortable possible.

Devant être réalisée dans un lieu propre, sans humidité, presque immaculé, pour préserver la laine et éviter la prolifération de maladies pour les animaux, la tonte doit aussi permettre un premier tri de la laine en séparant les différentes races et catégories (finesse et couleur) de manière à pouvoir trier les laines dans des balles séparées et trouver la meilleure valorisation possible pour chacune de ces laines.

Étape 3 : Le tri de la laine

Vous l’aurez compris, pour valoriser au maximum les qualités intrinsèques des laines des différentes races, il est primordial de procéder à un tri méticuleux et organisé.

L’objectif de cette étape essentielle est double : elle permet d’homogénéiser la matière première afin d’obtenir une laine de qualité et faciliter le processus de transformation.

Alors, concrètement comment ça se passe ?

Premièrement, les toisons défectueuses comme celles qui sont feutrées, jaunes ou trop jarreuses sont éliminées.

Secondement, après avoir été étendues une à une, sur des tables ajourées, les toisons sont libérées des corps étrangers (marques de peintures, excréments, débris végétaux, fibres trop courtes…).

Enfin, la laine ainsi obtenue est ensachée dans des sacs en toile tressée (appelés curons) bien fermés selon la couleur et/ou la qualité de la laine. Elle est ensuite stockée sur des palettes dans un local propre et bien aéré, prête à passer à l’étape suivante !

Étape 4 : Le lavage de la laine

  

Maintenant que la laine a été triée, il est temps de lui faire subir un lavage en profondeur dans une eau claire pour la débarrasser des matières organiques (urine, excréments, graisses), minérales (terre, sable) et végétales (graines, paille, foin).  À la suite de ce bain, la laine s’allège fortement et perd jusqu’à 60 % de son poids initial !

Pour rentrer un peu plus dans le détail de cette étape, la laine est plongée dans un premier bac de lavage dans lequel est mélangé eau chaude, bicarbonate de soude et un peu de savon biodégradable. Afin d'éliminer la graisse et rendre la laine la plus hygiénique possible, 3 bains d'eau chaude sont enchaînés pour arriver à une toison la plus propre possible.

Enfin, après avoir été rincée dans un dernier bain d’eau claire, la toison est séchée en plein air (vous le savez maintenant, la laine aime l’oxygène, on ne le répétera jamais assez !) ou, pour les stations de lavage de la laine, dans un bloc de séchage. Une fois le séchage réalisé, la laine est prête à passer à la teinture !

Étape 5 : La teinture

Réalisée directement après l’étape de lavage pour que la couleur puisse se fixer de la manière la plus naturelle et la plus efficace possible, nous réalisons l’étape de teinture directement sur la matière, en amont du cardage. Par exemple, tous nos pulls écrus ne bénéficient d’aucune teinture, c’est la couleur brute de la laine après le lavage ! Réalisée en partenariat avec notre ennoblisseur, situé dans le Tarn, la teinture permet de conférer une couleur ou de la modifier grâce à un processus d’absorption d’un colorant. Engagé dans la préservation de l’environnement et la préservation des ressources naturelles (notamment l’eau), notre artisan privilégie la teinture naturelle, possède une station d’épuration biologique respectant la réglementation REACH et récupère les résidus pour les utiliser en compostage agricole.

Étape 6 : Cardage et filage

Assurées par La Filature du Parc, filature tarnaise historique et spécialisée dans le cardage des laines, ces deux étapes indispensables à la fabrication d’un fil de qualité sont réalisées de main de maître par cet atelier au savoir-faire d’exception, labellisé Entreprise du Patrimoine du Vivant !  

Commençons par le cardage : une laine cardée signifie une laine qui a été démêlée et aérée, les fibres sont alors alignées dans le sens de la longueur pour donner une « nappe » permettant la confection du fil. Également nécessaire pour terminer le travail d’épuration des corps étrangers (qui n’auraient pas été éliminés lors des étapes précédentes), cette étape s’effectue le plus souvent sur une cardeuse à rouleaux ou une cardeuse à tambours.

C’est à cette étape que nous mélangeons notre laine des Pyrénées avec du polyamide recyclé et du coton recyclé post-consumer pour obtenir un fil doux, chaud et confortable.

Après cette première transformation, le voile ainsi obtenu arrive sur un diviseur qui va le séparer en un fil cassant, mais aligné que l’on appelle pré-fil. Les pré-fils seront alors enroulés pour être placés sur la fileuse. Avant de devenir le fil continu, régulier et robuste que nous connaissons, ces pré-fils vont subir trois opérations : l’étirement, la torsion et l’embobinage. L’épaisseur, la régularité et l’intensité de la torsion dépendront du fil désiré et des caractéristiques intrinsèques à la laine utilisée.

Après ces trois opérations, nous pouvons enfin parler de fil ! Afin d'être utilisé dans le tricotage de vos pulls préférés ou le tissage du drap de laine de nos manteaux, il est mis sous la forme de cône pour éviter le dévidage et faciliter le transport.

Étape 7 : Tissage et tricotage

A. Ourdissage, Tissage et Couture

Dernières étapes avant d’obtenir les produits finis en drap de laine que vous connaissez, comme la cape Cami ou le manteau Ubac, l’ourdissage, le tissage et la couture sont les opérations indispensables à la réalisation d’un produit robuste, confortable et de qualité.

Avant le tissage, il y a une étape méconnue mais très importante : l'ourdissage. Cette opération consiste à disposer les fils les uns à côté des autres sur une grande longueur afin d'en former une nappe sur une largeur déterminée. Et c’est un véritable travail de fourmi que notre ourdisseuse réalise en comptant 1 à 1 chaque fil de la chaîne, réparant dès qu’un fil casse, et plaçant les fils de couleur en fonction du rythme demandé, pour que lorsque l’ensouple est déroulée et tissée, les motifs apparaissent grâce à la trame. Pour vous rendre compte, sur une laize de 145 cm, ce sont entre 2000 et 3000 fils qui sont placés sur l’ensouple, en fonction de l’épaisseur du fil.

Après cette opération de préparation, le tissage peut débuter. Cette étape est un véritable savoir-faire millénaire, perpétué de génération en génération par de véritables passionnés. À l’origine, le tissage était une activité majoritairement artisanale. Ce n’est qu’avec l’invention de la navette volante (sorte de pièce de bois contenant une bobine et servant à faire passer le fil de la trame entre les fils de chaîne) que la profession a commencé à se développer. L’arrivée du métier Jacquard au 19ème siècle (métier à tisser permettant la réalisation de motifs complexes et possédant des aiguilles, des cartes perforées et un cylindre) et les métiers à tisser mécaniques au 20ème siècle ont permis de pleinement développer cette méthode de confection dans l’industrie textile mondiale.

Passons donc à la partie technique pour arriver à la réalisation des épais tissus que nous pouvons encore observer chez nos tisserands préférés. Pour confectionner ces étoffes, les fils sont alors raccordés et noués un à un sur le métier à tisser, et, grâce à l’entrecroisement entre des fils verticaux (fils de chaine) et des fils horizontaux (fils de trame), se déploient peu à peu jusqu’à devenir un imposant et robuste drap de laine !

Enfin, pour que de ces belles étoffes naissent votre manteau préféré, il reste une dernière étape : la couture.

Chez Maison Izard, nous avons confié cette étape à la Soulane, tiers-lieu créatif situé dans les Hautes-Pyrénées, dans lequel est situé notre atelier de confection.

À réception du drap de laine sous forme de rouleaux, le modéliste de l’atelier gradue les patrons et les découpe. S’en suit une opération demandant rigueur et dextérité : l’assemblage. Le principe est de coudre l’ensemble des pièces précédemment découpées pour obtenir les manteaux et capes que vous aimez tant. Après quelques retouches et finitions, ils sont prêts à rejoindre nos locaux, et plus tard, vos dressings !

B. Le tricotage

Après avoir abordé le tissage pour nos produits en drap de laine, il est temps de vous parler du tricotage, cette étape sans laquelle vos pulls en laine préférés resteraient à l’état de croquis !

Le tricotage, c’est l’étape « madeleine de Proust », l’étape que nous connaissons tous et qui nous rappelle les pulls tricotés par nos grands-parents. Bien évidemment, le procédé industriel est plus automatisé, mais il n’en reste pas moins très artisanal et impressionnant !

Mais qu’est-ce que le tricotage réellement ?

Technique de fabrication des étoffes où s’entrelacent des boucles de fils appelés mailles à l’aide d’aiguilles, le tricotage permet de former une étoffe extensible, appelée tricot, qui a l’avantage d’être plus souple et élastique que les étoffes tissées. Pouvant être aussi bien réalisé à la main, grâce à des aiguilles, que grâce à une machine à tricoter, cette méthode ancestrale est largement répandue de nos jours.

Les origines de cette méthode de confection sont, à l’instar du tissage, très anciennes. Le tricotage remonterait au 3ème siècle avec probablement une origine bien plus ancienne. Les anciens tricoteurs travaillaient avec des aiguilles en bois ou en os pour la confection de pulls ou de robes. En France, le tricotage est apparu pendant le 8ème siècle et s’est réellement développé comme activité commerciale à partir du 16èmesiècle, porté par l’arrivée des métiers à tricoter. Ces métiers à tricoter ont évolué au fil des siècles et des besoins, jusqu’à faire changer le métier d’échelle et permettre son industrialisation. Aujourd’hui, le tricotage revient à la mode chez les particuliers, et est porté par de nouvelles machines révolutionnaires pour les industriels. Le savoir-faire artisanal historique de nos couturiers et couturières et les techniques d'antan, comme le remaillage à la main, sont également de plus en plus recherchés dans l'industrie textile.

Chez Maison Izard, nous travaillons avec l’atelier Joly qui posséde des métiers à tisser traditionnels, et des nouvelles machines révolutionnaires pour le tricotage des pulls, permettant d’obtenir un produit fini durable et presque sans déchet. Ces machines, vous en avez sûrement déjà entendu parler, il s’agit des machines de tricotage intégral, tricot 3D ou whole garment.

Ces appareils permettent la création d’un vêtement par ajout de matière à partir d’une modélisation 3D. Cependant, contrairement à un vêtement imprimé en 3D qui présente une structure, une texture et un aspect visuel très différents d’un vêtement en tissu traditionnel, un tricot 3D a exactement les mêmes caractéristiques qu’un tricot conventionnel.

Les avantages de ces machines sont non négligeables : diminution des déchets textiles, procédé moins énergivore, flexibilité, produit fini sans couture, durée de vie du vêtement allongée…

Bien évidemment, aussi performantes que soient ces machines, rien ne remplace l’habileté et le savoir-faire des tricoteurs ! 

Pour cela, l’atelier est également spécialisé dans le remaillage à la main, savoir-faire rare en France et mis en valeur par le label Entreprise du Patrimoine Vivant qui récompense les entreprises françaises aux savoir-faire industriels et artisanaux d’excellence. Le remaillage à la main permet une finition exceptionnelle apportant un grand confort. C’est pour cela que les cols de nos pulls en laine et nos chaussettes sont remaillés à la main pour vous apporter confort et fluidité !

Et bien, quel voyage ! Maintenant, vous connaissez toutes les étapes par lesquelles passent la laine avant de devenir un vêtement confortable, chaud et durable.