La laine des Pyrénées, quézako ?


La laine des Pyrénées, quézako ?

Ancienne source de richesse économique des Pyrénées, puis ressource abandonnée, et dernièrement, matière première revalorisée, la laine des Pyrénées possède une histoire riche et sinueuse.
Et pourtant, cette histoire reste méconnue, au même titre que les races produisant cette laine ainsi que des qualités et vertus intrinsèques à la laine des Pyrénées.

En tant qu’acteur de la valorisation de cette laine locale et militant pour un renouveau de la filière laine française, nous avons voulu vous plonger dans le monde de la laine des Pyrénées, cette laine française d’exception, au riche passé et à l’avenir radieux, que nous vous faisons découvrir depuis plus de 5 ans maintenant à travers nos collections de vêtements et accessoires en laine.

Alors on saute le pas ?

La laine des Pyrénées : ancien poumon économique de la région

Il est peu dire que la laine des Pyrénées était un véritable trésor des Pyrénées pendant de nombreuses décennies.
Cependant, il est difficile de lui donner une origine exacte et définitive, tant la laine des Pyrénées a traversé les âges (on trouve même trace de son utilisation il y a plus de 3000 ans !).
Il est d’ailleurs fastidieux de ne citer qu’une seule race de mouton (il en existait plus d’une vingtaine !) fournissant cet or blanc tant les espèces ont été nombreuses et ont donné lieu à des croisements amenant à l’amélioration des qualités de la laine pour obtenir des fibres longues, chaudes et robustes.
Au niveau des espèces, il y’en a une, que vous connaissez tous, qui a tout particulièrement participé à l’essor de la laine des Pyrénées : le mérinos.

20160285/754. © Arch. nat.

En effet, le mérinos, d’origine ibérique, a été inséré en France en 1786 par Louis XVI, dans un contexte de « Guerre des moutons », terme introduit par l'exposition du même nom qui s'est déroulé du 15 décembre 2021 au 18 avril 2022. Pendant des centaines d’années, la toison de cette race de mouton a été particulièrement recherchée par tous les pays européens, en particulier le Royaume-Uni. C’est finalement la France qui remporte, dans un premier temps, le bras de fer et qui développe, grâce notamment à La Bergerie de Rambouillet, l’élevage de moutons mérinos. Malheureusement, faute à la concurrence internationale, la filière mérinos française chute brutalement au profit de l’Australie.
 
Revenons donc plus globalement à notre laine des Pyrénées. Idéale pour confectionner des vêtements durables, chauds et résistants, la laine des Pyrénées était souvent associée au lin, plante qui était largement répandue dans les Pyrénées centrales, et le chanvre, autre plante bien connue des amateurs de vêtements respirants…
 
Chaque mouton produisant entre 2 et 8 kg de laine par an, les éleveurs avaient donc des réserves relativement importantes de laine leur servant notamment à la confection de leurs propres vêtements de bergers (capes, manteaux, pantalons, chaussettes) ou encore de matelas.
Peu à peu, forte d’une demande grandissante et de ses qualités inhérentes, cette ressource locale a commencé à être vendue, notamment dans les marchés, par les familles de bergers, ce qui a marqué son point d’entrée dans l’économie pyrénéenne.
 
Ce n’est qu’au début du 19ème siècle que l’activité accélérera son industrialisation, portée par la volonté des éleveurs de moutons d’assurer une source de revenu complémentaire à leur activité. Les premiers bassins industriels ont alors vu le jour, en particulier, dans le Piémont pyrénéen.
 
La filière laine locale s’est alors développée, a créé de nombreux emplois et a même commencé à s’internationaliser, en Europe notamment, pour devenir l’un des poumons économiques des Pyrénées. Permettant la fabrication d’étoffes de grande qualité, la laine des Pyrénées devenait de plus en plus recherchée jusqu’au 20ème siècle.

 De l'ascension à l'abandon

Malheureusement, au cours du 20ème siècle, la laine des Pyrénées perdit peu à peu son rayonnement et son attractivité. Les raisons, elles, sont nombreuses et cruelles :

  • La première raison est le développement de la mondialisation, et l’arrivée des fibres synthétiques, bien moins coûteuses que la laine française. L’usage de ces nouvelles fibres connaît une ascension fulgurante et entraîne peu à peu le désamour pour l’utilisation de fibres plus naturelles comme la laine, le lin ou le chanvre.
  • La seconde découle de la première. En effet, l’arrivée des fibres synthétiques amena un changement profond des habitudes de consommation en matière d’habillement. Deux raisons à cela : le prix final de ces nouveaux vêtements, moins élevé que les vêtements en laine standards, et le développement de la fast fashion et du système de « tendances » demandant des matières facilement et rapidement exploitables pour créer rapidement de nouveaux vêtements.
  • La troisième est liée à la compétitivité de la laine française face à la laine étrangère, laine moins coûteuse et aux caractéristiques se rapprochant de la laine locale. Nous pouvons par exemple citer la laine mérinos de Nouvelle-Zélande ou d’Australie, producteurs de plus de 33% de la laine au niveau mondial. Ce manque de compétitivité a mené à une forte baisse de la demande de laine des Pyrénées, amenant à une chute importante du prix de la laine, si bien que le prix de la vente ne couvrait plus le prix de la tonte pour les éleveurs.

Un dernier phénomène, plus récent cette fois-ci et qui nous a tous concernés, a parachevé la baisse du prix et des quantités vendues de laine des Pyrénées : la crise du Covid-19. Cette crise a amené, à la suite de la fermeture des frontières, l’arrêt de l’importation des laines françaises par son principal importateur : La Chine. 

Et maintenant ?

Aujourd’hui, la résistance s’organise et la laine des Pyrénées commence peu à peu à reprendre de l’attractivité au niveau national mais aussi international, portée par des projets et des initiatives tels que les projets de catégorisation, de valorisation et de tri de laine portés par des entreprises (Marelha, Laines Paysannes, Agence des Pyrénées…), des collectifs (Collectif Tricolor) ou des institutions (ACAP, régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie, départements et villes). Le travail de ces acteurs investis dans la valorisation de la laine des Pyrénées nous permet de vous partager cette courte présentation.
 
Malheureusement, ces nombreuses décennies d’abandon de la laine des Pyrénées pour la filière textile ont mené à l’apparition de nouveaux problèmes, limitant le développement de la filière laine locale :
  • Les éleveurs, faute de demande, ont été contraints de jeter, voire brûler la laine, la laine étant devenue une contrainte, plus qu’une ressource.
  • La laine des Pyrénées est devenue rustique et a perdu un peu de sa douceur, notamment en raison d’une difficulté à cartographier les différentes races produisant cette laine. Chaque race productrice de laine ayant ses propres caractéristiques et qualités ainsi que ses propres territoires de pâturage et systèmes d’élevage, le tri de la laine est devenu une étape essentielle pour retrouver une laine adaptée à chaque corps de métier. Cependant, faute d’acteurs, cette étape essentielle au redéveloppement de la laine des Pyrénées connaît un léger cran d’arrêt et est seulement portée par une poignée d’acteurs.

Heureusement, des alternatives existent. Chez Maison Izard, pour retrouver une laine locale aux qualités et aux vertus d’antan, nous mélangeons la laine des Pyrénées avec des matières recyclées pour retrouver l’extrême douceur, la durabilité et la respirabilité qui la caractérisait.

Panorama des races actuelles :

Grâce au travail des acteurs cités précédemment, un premier travail de cartographie des races élevées sur tout le versant pyrénéen français est à l’étude, grâce à une concertation avec les éleveurs. En voici les premiers résultats en termes de départements d’élevage des différentes races présentes sur tout le versant pyrénéen français :

  • Les races des Pyrénées-Atlantiques : Basco-béarnaise, Berrichon, Charollais, Lacaune Manech Tête Rousse et Manech Tête Noire, Mérinos, Romane, Suffolk, Tarasconnaise.
  • Les races des Hautes-Pyrénées : Aure et Campan, Barégeoise, Ile-de-France, Lourdaise, Mérinos, Mouton de l’Ouessant.
  • Les races de la Haute-Garonne : Charmoise, Mouton de l’Ouessant, Suffolk.
  • Les races de l’Ariège : Castillonaise, Charmoise, Lacaune, Mérinos, Montagne Noire, Scottish Blackface, Tarasconnaise.
  • Les races de l’Aude : Blanche du Massif Central, Rouge du Roussillon.
  • Les races des Pyrénées-Orientales : Blanche du Massif Central, Caussenarde, Rouge du Roussillon.

Chaque race possédant des caractéristiques propres, voici un bref aperçu des qualités des laines par race :
  • Aure et Campan : résistante, douce et conservant très bien la chaleur, cette laine de qualité, fine et fournie, est très appréciée pour la fabrication de vêtements et accessoires. C’est également de cette laine dont est issu notre plaid en laine française en collaboration avec Pyloow.
  • Barégeoise : laine très fine mais assez peu fournie. C’est une laine d’exception, très robuste, utilisée notamment dans la confection de vêtements.
  • Basco-Béarnaise : laine blanche, parfois teintée de roux, avec des fibres longues et pointues. Cette laine, de qualité moyenne et rustique, est actuellement peu utilisée.
  • Ile-de-France : laine aux qualités similaires à la Mérinos. Elle se distingue tout particulièrement par sa finesse, sa souplesse et sa douceur. Son suint (qui représente la graisse que sécrète la peau et mouton et qui se lie à la laine) est de couleur beurrée, ce qui en fait un suint très recherché.
  • Lacaune : laine courte et fine, utilisée notamment pour la fabrication de ouate isolante (permettant la conception de doublure vestimentaire ou de matelas par exemple).
  • Lourdaise : laine blanche, elle est formée de longues mèches, et est notamment utilisée pour la confection de vêtements et accessoires.
  • Manech à tête noire : fibres longues et épaisses, les qualités de cette laine rustique sont nombreuses : confortable, résistante et isolante, la laine de cette race de mouton peut aussi bien être utilisée pour la confection d’accessoires, de matelas que pour la décoration.
  • Tarasconnaise : cette laine blanche, aux longues fibres, est assez rustre et est encore peu utilisée.

Une laine aux nombreuses vertus

La laine des Pyrénées possède de nombreuses qualités, qui expliquent la grande utilisation dont elle a fait preuve pendant des millénaires.


La première de ces qualités est, qu’en tant que fibre naturelle, la laine des Pyrénées est une matière vertueuse et biodégradable, tout en étant locale. Entièrement renouvelable et recyclable, sa collecte est également vitale pour la santé des moutons. Car bien qu’essentielle en période hivernale pour affronter le froid montagnard, la laine devient un handicap pour ces animaux dès que les premières chaleurs pointent le bout de leur nez. La tonte est alors indispensable pour libérer l’animal de cette masse enveloppante, qui peut accumuler bactéries et parasites, potentiellement vecteurs de maladies et ainsi nuire à sa santé. Ses vertus éco-responsables ne s’arrêtent pas là puisque la laine est hautement durable grâce notamment à sa résistance à la torsion et son élasticité, lui permettant une durée de vie bien supérieure à de nombreuses autres fibres, naturelles ou non.
 
Les vertus de la laine ne s’arrêtent pas là, c’est également une matière extrêmement confortable et pratique. En effet, grâce à sa légèreté et sa douceur, elle est très facile et agréable à travailler, ce qui lui permet d’être adaptée à une multitude de domaines (textile bien évidemment, mais aussi isolation, décoration d’intérieur ou encore bandages et pansements pour le secteur médical).
En parlant de confort, vous avez sûrement déjà pu remarquer que la laine possède une place à part dans le secteur de la literie. Et ce n’est pas pour rien ! Selon une étude menée par l’Université de Sidney, la laine favoriserait l’endormissement tout en rendant le sommeil plus réparateur. Vous ne serez donc pas étonnés de voir que de nombreuses marques de literies utilisent de la laine pour la confection de leurs matelas !
Continuons sur la dimension confortable de la laine avec deux de ses caractéristiques les plus connues : sa respirabilité et ses incroyables facultés thermorégulatrices. La première tient en grande partie à ses fibres semi-perméables qui lui permettent d’absorber l’humidité en grande quantité, ce qui permet de limiter l’humidité et la sudation.
Ses facultés thermorégulatrices sont également importantes (encore plus pour nous, professionnels du textile !) et très connues. On pense spontanément à la laine comme barrière contre le froid, mais l’inverse est aussi vrai. La laine est également un formidable vecteur d’isolation thermique grâce à sa texture ondulée qui lui permet d’emmagasiner une importante quantité d’air, et grâce à sa structure écaillée qui va lui permettre d’augmenter sa surface en contact avec l’air tout en freinant sa circulation. En résumé, elle va donc conserver le chaud, comme le frais (c’est pour cela que la laine mérinos par exemple est utilisée pour la confection de vêtements techniques). Dernier point important, contrairement à ce que l’on pense habituellement, la laine est très facile d’entretien et ne demande que peu d’efforts. Quasiment infroissable grâce au haut degré d’élasticité de ses fibres, elle attire également peu la poussière et résiste bien aux tâches grasses. C’est également une matière qui aime l’oxygène et qui, à son contact, se libère de ses odeurs et impuretés. La consommation en eau et électricité est donc réduite ! En ce qui concerne le lavage, bien que la laine ne demande pas de lavages trop réguliers, elle se lave très bien en cycle court ou délicat, ce qui facilite grandement son entretien.

Enfin, il existe des qualités et vertus de la laine moins connues du grand public, mais qui sont pourtant très intéressantes (pour les entreprises comme pour les particuliers !).
La première est sa dimension insonorisante, qualité qui lui est conférée par sa masse volumique et son frisage. Ainsi, les ondes sonores vont pénétrer à l’intérieur de la matière, mais vont éprouver d’énormes difficultés pour en sortir. Elle pourra donc agir comme isolant naturel pour toutes les pièces de la maison !
Sa seconde qualité méconnue est, à l’instar des plantes, sa capacité à purifier l’air grâce notamment à sa structure moléculaire. La laine est donc tout indiquée pour purifier le dioxyde d’azote émis par nos appareils domestiques, ou les substances nocives comme le formaldéhyde, gaz nocif et potentiellement cancérigène qui est fréquemment présent dans les équipements, la décoration et les produits domestiques de nos maisons.
Dernière qualité méconnue, la laine offre une protection naturelle aux U.V, protection qui est même supérieure aux fibres naturelles comme le coton ou bon nombre de fibres synthétiques communément utilisées pour la conception de vêtements techniques.
 
Toutes ses qualités et vertus font de cette ressource locale un formidable vecteur de croissance économique pour les territoires dans lesquels la laine des Pyrénées est disponible en quantité. À long terme, l’utilisation de cette laine locale a donc pour but de développer de nombreuses structures sur tous les maillons de la chaîne : éleveurs, stations de lavage, filatures, ateliers de tricotage, laboratoires de matières et bien sûr, entreprises.

 Nouvelles utilisations et acteurs

Dans cette valorisation de la laine, il y a encore un maillon de la chaîne que nous n’avons que peu abordé : les entreprises.
Les utilisations possibles de la laine des Pyrénées par les entreprises sont vastes (et tendront même à des utilisations auxquelles nous n’avons pas encore pensé, tant les qualités de cette ressource sont multiples).
En voici quelques exemples :

Source : Mag'in France

Comme illustrée par cette infographie, la laine des Pyrénées a (presque) mille et une utilisation, dans de nombreux corps de métiers différents.

Vous cherchez quelques marques utilisant de la laine locale ?
 
Voici quelques-unes de nos marques pyrénéennes préférées  :
  • Traille qui a créé, en coopération avec le Centre Européen des Textiles Innovants (CETI), une matière innovante : une ouate de laine servant notamment pour rembourrer les vêtements.
  • Pyloow, marque pyrénéenne d’accessoires de décoration proposant plaids, coussins et poufs. Le nom vous dit quelque chose ? C’est normal, c’est en collaboration avec cette belle marque que nous avons proposé notre tout premier plaid en laine française.
  • Armaité, marque du Pays basque qui fabrique des espadrilles depuis 3 générations. La laine des Pyrénées est notamment utilisée pour la confection de ses espadrilles d’hiver.
  • Laulhère, marque historique de bérets, implantée près des Pyrénées depuis plus d’une centaine d’année. La marque propose des couvre-chefs intemporels et authentiques en matières naturelles comme le lin, le cachemire ou la laine, issue notamment des Pyrénées.
  • Laines Paysannes, marque française de vêtements et accessoires engagée dans la revalorisation des laines ariégeoises travers un vestiaire durable, mixte et authentique.

Chez Maison Izard, fortement attachés à notre territoire et ses spécificités, nous avons fait le choix de valoriser cette matière première locale d’exception en concevant, de matière éthique et responsable, des pulls et accessoires en laine des Pyrénées ! La valorisation de cette ressource d’exception nous permet de créer des produits éco-responsables, durables, confortables et respirants.
Chaque année, nous élargissons ou perfectionnons notre gamme, toujours à partir de laine des Pyrénées, pour vous proposer un vestiaire intemporel, mixte et authentique.

Nous espérons que ce tour d’horizon de la laine des Pyrénées vous aura intéressé et vous aura fait découvrir les nombreuses richesses de cette laine locale d’exception ainsi que les acteurs qui redynamisent, chaque jour, la filière laine locale !
 
PS : Cet article a été rédigé à la main, par un humain, et non par ChatGPT.